Point de vue de Taieb Hafsi : l’Economie, l’Idéologie et la Science

   Le temps de lecture 3 min

Taïeb Hafsi est un professeur et chercheur en management, québécois d’origine algérienne. Il est Professeur émérite à l’HEC Montréal. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles sur le management stratégique des entreprises et des États. En 2018, il est élu membre de la prestigieuse Société royale du Canada.

Dans ce podcast d’une grande pertinence, Taieb Hafsi explore avec profondeur l’équilibre délicat entre l’Idéologie et la Science dans la gestion de l’économie, tant au niveau macroéconomique qu’au niveau microéconomique, établissant ainsi le fondement de son analyse. Il commence par mettre en lumière les avantages substantiels dont bénéficient les multinationales opérant dans les pays en développement, grâce à leur maîtrise des technologies de la chaîne d’approvisionnement, des marchés, du contrôle financier et de l’influence politique. Il cite notamment la Chine, qui, au lendemain de la mort de Mao Zedong, se trouvait dans une situation des plus calamiteuses, mais a su se redresser en adoptant une stratégie réfléchie d’intégration aux chaînes de valeur mondiales. Ensuite, il aborde la question de l’idéologie, qu’il définit comme “une forme de culture”. Bien que génératrice de stabilité, l’idéologie conduit parfois les gouvernants à prendre des décisions insensibles au contexte. La confusion entre la production et le partage des richesses mène à une standardisation excessive, entravant la capacité des individus à s’adapter et à créer de la valeur, les transformant en automates plutôt qu’en acteurs intelligents. Cette rigidification de la mécanique économique érige les valeurs idéologiques en Totems. L’idéologie du capitalisme et la croyance en la capacité du marché à résoudre les problèmes ont influencé la décision de Deng Xiaoping d’introduire plus de flexibilité et d’adopter les mécanismes du marché en Chine. À l’opposé, en Algérie, cette rigidification provient de la peur de la désunion. Le rôle de la science dans la gestion économique et la résolution des défis économiques est également essentiel. Hippocrate avait déjà souligné l’importance d’être en contact direct avec les phénomènes pour développer une science de la santé de qualité, affirmant que cela nécessite un travail ardu et une adaptation constante au-delà des simples spéculations intellectuelles. La science, par essence, nous enseigne que les résultats sont toujours provisoires et peuvent être remis en question si les circonstances ou les contextes évoluent, nous incitant ainsi à ne jamais rien prendre pour définitif. En conclusion, la décentralisation, en opposition à une idéologie Totem, est une approche scientifique visant à réduire la complexité économique et à favoriser le développement des entreprises et de l’économie. La science prône la flexibilité et l’adaptation à la réalité, essentielles pour le progrès et la survie d’un pays.

2 commentaires

  1. J’ajouterai pour ma part que la réalité sur le terrain doit toujours prévaloir pour faire les ajustements necessaires au benefice du citoyen .

  2. Analyse pertinente mais dans le cas algérien la rigidification pourrait s expliquer par les traumatismes de la colonisation et des guerres qui installent l’angoisse de la désunion
    Élément qui pourrait changer avec les générations nouvelles

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