Le temps de lecture 3 min

Il y a quelques jours, Samir Toumi, ami, chef d’entreprise et écrivain passionné, m’a tendu un livre avec un sourire complice. « Amin », son dernier ouvrage, dédicacé d’une main généreuse. J’avais déjà été happé par son talent à travers L’Effacement, un livre qui m’avait marqué par sa finesse et sa profondeur. Alors, ce nouveau venu, posé dans mon salon, s’est immédiatement retrouvé dans cette pile d’ouvrages qui attendent d’être dévorés, à la merci de ma boulimie de lecture.

Un soir, un peu par curiosité, un peu par hasard, j’ai ouvert le livre. Trois pages seulement, me suis-je dit. Juste pour sentir l’odeur de l’encre et jauger le ton. Mais voilà : la curiosité s’est transformée en fascination, et la fascination en immersion totale. Me voilà pris au jeu.

Dans cette fiction où le réel suinte à chaque page, Samir nous offre une fresque crue et implacable du système algérien. Il y a quelque chose d’édifiant, de presque chirurgical, dans la manière dont il dissèque les jeux de pouvoir, la mécanique huilée de la corruption, du népotisme et des passe-droits. À travers les yeux de Djamel, le narrateur, et la figure trouble d’Amin, le personnage principal, on plonge dans un univers où tout s’imbrique, où tout se monnaie, où rien ne se dit mais où tout se murmure.

Et c’est là que l’écrivain frappe fort : il donne corps à cette machine opaque que tout le monde évoque mais que personne ne parvient à cartographier précisément. Il explore le fantasme des clans, ces cercles d’influence insaisissables, et met en lumière l’un de leurs outils les plus redoutables : la rumeur. Une arme sournoise, aussi tranchante qu’un couteau, qui façonne les destins, détruit des réputations et sert de levier pour asseoir des dominations.

Mais ce n’est pas tout. Samir nous plonge dans une atmosphère poisseuse, où le pouvoir se mêle à l’argent et aux stupéfiants. Un monde où l’alcool, le kif et la cocaïne ne sont pas des excès, mais le carburant quotidien d’une élite en apesanteur, déconnectée du réel.

À mesure que les pages défilaient sous mes yeux, une évidence s’est imposée : ce livre, c’est une mini-série Netflix qui s’ignore. Un thriller politique, une plongée dans l’inavouable, un miroir tendu à cette réalité algérienne que l’on sait, que l’on murmure, mais que l’on peine à raconter avec autant de justesse et d’audace.

J’ai refermé Amin en me demandant une chose : combien de vérités cachées se glissent dans cette fiction ?

Slim Othmani Février 2025

2 commentaires

  1. Mon cher ami
    Qu’elle délicieuse présentation, en l’espace d’un instant j’ai senti ce livre être mes mains, tu m’as vraiment donné l’envie de le lire et je tiens à saluer le travail que tu fais. J’ai connu le grand manager que tu es toujours je pense et je me délecte de découvrir ce talent pour l’art et l’écriture dont tu fais preuve tu as été un exemple pour moi dans mon domaine professionel et tu le deviens dans le monde de l’art. Tu es un phare qui nous guide vers la lumière je suis heureux de faire parti de ton univers
    Merci l’ami

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