
Ma journée avait commencé comme tant d’autres, rythmé par un sport matinal, un petit-déjeuner copieux, et un moment de détente avec un article captivant. Un article qui, bien qu’ancré dans une tragédie, se voulait profondément inspirant. Il racontait l’histoire de l’accident du vol UA173, un avion qui s’était écrasé alors qu’il approchait de Portland depuis Denver. Une tragédie, certes. Mais au-delà des larmes et des vies perdues, ce drame a changé le visage du transport aérien à tout jamais.
Alors que je refermais l’article, une pensée me traversa : et si les leçons tirées de ce drame allaient bien au-delà de l’aviation ? Et si elles pouvaient nous aider à réinventer la gouvernance d’un pays, surtout lorsque celui-ci souffre du poids d’une autocratie étouffante ?
Dans le monde de l’aviation, cet accident a donné naissance au CRM – Crew Resource Management – une série de procédures destinées à transformer la communication au sein des équipages. Son objectif ? Prévenir les erreurs humaines dans des environnements où chaque décision peut être fatale. Ce modèle de coopération pourrait-il inspirer les rouages politiques ?
L’expression « Y a-t-il un pilote dans l’avion ? », souvent utilisée lors de crises politiques, prend soudain un sens poignant. Combien de fois, en tant que citoyens d’autocraties, avons-nous été témoins des dangers d’une obéissance aveugle ? Et, plus encore, de cette peur viscérale de la hiérarchie, qui réduit au silence les subalternes, même lorsque la catastrophe est imminente ? Cette peur, omniprésente dans les régimes autocratiques, paralyse la prise de décision collective, transformant chaque erreur en tragédie nationale.
Mais à cela s’ajoute une différence fondamentale. Contrairement à un équipage d’avion, où chaque membre est légitime grâce à une formation rigoureuse et reconnue, les hommes politiques et cadres supérieurs qui accèdent à de hautes responsabilités dans un système autocratique sont souvent dénués de cette légitimité. Au pire, ils avancent avec un agenda politique déconnecté des réalités du secteur qu’ils dirigent ; au mieux, ils se reposent sur une connaissance acquise sur le tas, sans jamais atteindre un véritable niveau d’expertise. Leur comportement est alors dicté par leur ego – un mélange d’arrogance et d’insécurité – et cette absence de légitimité les empêche de gagner le respect de ceux qu’ils dirigent. Les conséquences ? Des décisions biaisées, des erreurs amplifiées, et une incapacité à corriger le cap à temps. Pour s’imposer, ils déploient toute une panoplie répressive : populisme, arbitraire, et népotisme deviennent leurs outils de contrôle.
Et si nous transposions cette idée à la sphère publique ? Si, comme pour les pilotes d’un avion, les membres du gouvernement, le président, les ministres, et leurs conseillers apprenaient à communiquer sans crainte, sans ambiguïté, et surtout, sans se retrouver paralysés par une hiérarchie pyramidale écrasante ? Imaginez un instant : un gouvernement qui fonctionne comme un équipage bien entraîné, où chacun a le droit – et même le devoir – de signaler une erreur avant qu’il ne soit trop tard.
En attendant que les principes d’une démocratie adaptée au contexte socio-culturel d’une nation autocratique puissent émerger, peut-être est-il temps d’introduire ce que l’on pourrait appeler le CSRM – Civil Servant Resource Management. Un système conçu pour permettre aux fonctionnaires et aux leaders politiques d’interagir avec la même rigueur et la même transparence que dans le cockpit d’un avion. Les enjeux ne sont pas moins graves : la sécurité et le bien-être des citoyens, la prospérité de la nation, et parfois même son existence. Car après tout, sans des mécanismes clairs et inclusifs, même les idéaux démocratiques risquent de rester lettre morte, piégés par les structures héritées de l’autocratie.
Cet accident de 1978, relaté dans l’article du Point, nous rappelle que les erreurs humaines peuvent être corrigées, à condition de transformer les systèmes qui les permettent. Mais pour cela, il faut briser la chaîne de la peur, permettre à chaque voix de s’exprimer, même face à une hiérarchie intimidante, et poser les bases d’une véritable légitimité dans l’exercice du pouvoir.
De l’aviation à la gouvernance, la clé pourrait bien résider dans cette idée simple mais puissante : écouter, dialoguer, agir ensemble. Car après tout, qu’est-ce qu’une nation sinon un avion en vol, où chaque citoyen compte sur le pilote – mais aussi sur l’équipage – pour arriver à destination ?
Slim Othmani, janvier 2025
Bonjour Slim,
Si tu trouves les leçons de la 4ème révolution industrielle pertinentes pour améliorer la gouvernance des États, n’hésite pas à combiner nos idées, qui me paraissent également complémentaires.
Tout à fait cher ami ….. je pense que tu voulais dire manquent de lucidité 😂
Oui Nadhir même un ministre devrait être avoir été briefé sur les enjeux et apprendre à écouter les compétences ce qui n’est pas le cas aujourd’hui
Merci Abdesslam c’est très intéressant comme contribution en fait nous pourrions fusionner les deux contributions pour n’en faire qu’une qu’en penses tu ? Ce serait nôtre énième contribution pour que la gouvernance de nos pays emprunte une autre voie que celle qui l’a toujours conduite droit dans le mur
Bonne année, Slim,
J’adhère completement ton analogie/analyse et tes deductions. En parlant d’analogie. lorsque j’ai lu ton article mon expérience et instinct d’ingénieur m’ont fait directement penser aux bienfaits de la quatrième révolution industrielle, que j’appelle la revolution de la transaparence. J’ai donc décidé, pour m’amuser, de demander à Copilot de déterminer les caractéristiques d’une bonne gouvernance d’un état en s’inspirant des avantages de l’industrie 4.0 . Voici le résultat:
Avantages de l’Industrie 4.0:
1- Efficacité et Productivité Accrues : L’automatisation et les technologies intelligentes rationalisent les processus, réduisant le travail manuel et augmentant la production.
2- Flexibilité Améliorée : Les entreprises peuvent s’adapter rapidement aux changements de la demande et personnaliser les produits pour répondre aux besoins spécifiques des clients.
3- Prise de Décisions Améliorée : Les données en temps réel et les analyses fournissent des informations qui aident à prendre des décisions éclairées.
4- Meilleure Gestion de la Chaîne d’Approvisionnement : L’Internet des Objets (IoT) et l’IA améliorent la visibilité et la réactivité de la chaîne d’approvisionnement.
5- Durabilité : Les usines intelligentes peuvent optimiser l’utilisation des ressources et réduire les déchets, contribuant ainsi à la durabilité environnementale.
6- Expérience Client : Les produits personnalisés et intelligents améliorent la satisfaction des clients.
Apprendre de l’Industrie 4.0 pour une meilleure gouvernance:
La gouvernance peut tirer des enseignements de l’Industrie 4.0 en adoptant des principes et des technologies similaires pour améliorer la gestion de l’État et l’élaboration des politiques. Voici quelques façons de le faire :
1- Gouvernance Agile : Adopter des méthodologies agiles pour répondre rapidement aux changements sociétaux et aux avancées technologiques.
2- Prise de Décisions Basée sur les Données : Utiliser l’analyse des données pour éclairer les décisions politiques et améliorer les services publics.
3- Transparence et Responsabilité : Mettre en œuvre des technologies qui renforcent la transparence et la responsabilité dans les opérations gouvernementales.
4- Partenariats Public-Privé : Favoriser la collaboration entre les secteurs public et privé pour tirer parti des innovations technologiques pour le bien public.
5- Infrastructure Numérique : Investir dans l’infrastructure numérique pour soutenir une gestion efficace et sécurisée de l’information.
6- Politiques Inclusives : Veiller à ce que les politiques soient inclusives et prennent en compte les besoins divers de la population.
En intégrant ces principes, les États peuvent créer des systèmes de gouvernance plus réactifs, efficaces et transparents qui servent mieux leurs citoyens. 😉
Merci Slim pour ce rapprochement qui est tout à fait pertinent. En fait, la clé derrière tout ça c’est la formation qui se fait à tout les stades. Un mélange précis de théorie et de pratique sanctionné par des validations des connaissance et un système de progression par palier. Rien ne sert de sauter les étapes car les génie doués de cette connaissance innée sont très rares. Dans la politique ou l’aviation, dans le syndicalisme ou la médecine ces règles assurent que les avions ne s’écrasent pas, que les patients soient soignés que les combats et négociations syndicales aboutissent.
Excellente analogie entre la gestion d’un état avec celle d’un vol d’avion.
Ceux qui nomment des amis pour gouverner l’état sont assez lucides pour ne pas monter dans un avion piloté par un incompétent.