“IA, Confiance et Liberté: La grande Fracture”

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À la servitude volontaire, cette inclination humaine à accepter la soumission sous prétexte de confort ou de sécurité, vient désormais s’ajouter, par l’entremise insidieuse de l’IA, une perte de confiance inédite entre les individus. Non plus simplement l’acceptation d’un joug extérieur, mais une fracture intérieure, amplifiée par des technologies qui, sous couvert de progrès, nous isolent les uns des autres. Ce double mécanisme, orchestré par les puissants de ce monde ou par nos propres faiblesses, nourrit une paranoïa permanente et désintègre ce qui faisait le socle même de nos relations : le respect mutuel, qui perd chaque jour un peu plus ses lettres de noblesse.

Écrire aujourd’hui un texte vibrant, issu des tripes, fruit d’une réflexion profonde ou même porteur de sentiments authentiques, devient presque un acte suspect. Je les vois, ces lecteurs, sourire en coin, prêts à lancer leur sentence assassine : « Merci ChatGPT ! ». Un verdict qu’ils balancent sans vergogne, comme un couperet, révélant le doute omniprésent qui s’installe entre nous.

À cette époque, où mettre de côté sa pudeur et faire preuve d’une humilité courageuse en dévoilant ses pensées était déjà une épreuve, il faut maintenant affronter une nouvelle contrainte : celle de se justifier, de montrer patte blanche. C’est presque une offense que de prendre la liberté d’écrire, cette liberté qui s’ajoute désormais à la longue liste de celles qu’on cherche à contraindre : penser, s’exprimer, vivre.

Ce monde ne cesse de produire des interdits, et cette fois, ils ne sont pas imposés par les pouvoirs, mais bien par nous. Par notre passivité, nos angoisses, nos peurs, et plus tragiquement encore, par nos ignorances.

Bien sûr, l’IA bouleversera nos vies, nos métiers, nos émotions, et jusqu’à notre perception même du monde. Mais la véritable question à poser n’est pas seulement celle de son impact, mais de notre capacité à lui résister. Aurons-nous les moyens de nous opposer à cette prise de contrôle ? À cette intrusion facilitée, encouragée par l’Homme lui-même, jusqu’à ce que nous ne représentions plus rien les uns pour les autres ?

La vie en société, faite d’échanges, de sentiments, de joies partagées et de peines partagées, s’effrite. Exit tout ce qui nous rapproche et nous unit ! Alors, en fin de compte, que nous reste-t-il ?

Slim Othmani 2025

“AI, Trust, and Freedom: The Great Fracture”

To voluntary servitude, that human inclination to accept submission under the pretext of comfort or security, is now added—through the insidious hand of AI—an unprecedented loss of trust between individuals. It is no longer merely the acceptance of an external yoke but an internal fracture, amplified by technologies that, under the guise of progress, isolate us from one another. This dual mechanism, orchestrated either by the powerful of this world or by our own weaknesses, fosters perpetual paranoia and disintegrates the very foundation of our relationships: mutual respect, which withers a little more every day.

Writing today—a vibrant text born from the gut, the fruit of deep reflection, or even carrying authentic emotions—has almost become a suspicious act. I see them, those readers, smirking, ready to hurl their scathing verdict: “Thanks, ChatGPT!” A judgment they fling without remorse, like a guillotine blade, exposing the pervasive doubt that now lies between us.

In this era, where setting aside one’s modesty and demonstrating brave humility by revealing one’s thoughts was already a challenge, we now face a new constraint: the need to justify oneself, to prove legitimacy. It’s nearly an affront to dare to write freely—this liberty now added to the ever-growing list of freedoms under siege: to think, to express, to live.

This world keeps creating prohibitions, and this time, they are not imposed by the authorities but by us. By our passivity, our anxieties, our fears, and, more tragically, by our ignorance.

Of course, AI will upheave our lives, our professions, our emotions, and even our very perception of the world. But the real question to ask is not merely about its impact but about our capacity to resist it. Will we have the means to oppose this takeover? This intrusion, facilitated and encouraged by humankind itself, until we mean nothing to one another?
Society, built on exchanges, feelings, shared joys, and shared sorrows, is crumbling. Gone are all the things that bring us closer and unite us! So, in the end, what remains for us?

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