Plaidoyer pour l’ouverture contrôlée de l’accès aux assurances santé internationales en Algérie

1. Contexte et justification ” Ce plaidoyer s’adresse principalement à ces Messieurs du Ministère des Finances, du Trésor Public et de l’Union Algérienne des Sociétés d’Assurance et de Réassurance (UAR)“. Dans un monde de plus en plus ouvert et mobile, des milliers d’Algériens se rendent chaque année à l’étranger — en Tunisie, en Jordanie, en Turquie ou en France — pour recevoir des soins médicaux que le système national peine encore à offrir. Ces déplacements, souvent financés sur fonds personnels et hors de tout cadre réglementaire, traduisent un besoin réel et non couvert d’accès à des soins de qualité, ainsi qu’une carence de solutions d’assurance santé adaptées. Aujourd’hui, les produits disponibles sur le marché algérien se limitent essentiellement aux assurances voyage et assistance de courte durée, sans équivalent des couvertures internationales proposées par des acteurs tels que BUPA, Allianz Care, Cigna Global ou AXA Health. Cette situation prive les citoyens d’un outil de protection essentiel et expose de nombreuses familles à une fragilité financière extrême lorsqu’une maladie grave survient. 2. Proposition de mécanisme Nous plaidons pour que les compagnies d’assurance opérant en Algérie — seules ou en partenariat avec des assureurs internationaux agréés — puissent proposer des produits d’assurance santé internationale sous les conditions suivantes : 1. Souscription en dinars algériens, afin de respecter le cadre monétaire national ;2. Paiement des soins à l’étranger directement par l’assureur partenaire, sans transfert de fonds de la part de l’assuré ;3. Remboursement exclusif en Algérie, sur un compte en dinars ou en devises, sans virement direct vers l’étranger ;4. Supervision du mécanisme par le Trésor Public et l’UAR, via un compte technique en devises destiné à équilibrer les flux financiers ;5. Reporting trimestriel transparent des sorties et entrées de devises liées à ces opérations. 3. Impact macroéconomique et social attendu Le dispositif proposé ne constitue pas une fuite de devises, mais un mécanisme compensé :– Les primes payées en dinars renforcent la trésorerie locale ;– Les remboursements se font sur le territoire national ;– Les dépenses médicales à l’étranger sont mieux tracées et prévisibles. Exemple simple : 10 000 assurés payant chacun une prime annuelle de 500 000 DZD = 5 milliards DZD de cotisations locales. Même avec une sinistralité de 40 %, le coût en devises serait inférieur aux évacuations actuelles prises en charge par la CNAS, tout en améliorant la couverture santé des citoyens. 4. Alignement avec les politiques publiques • Allègement partiel de la charge de la CNAS pour les soins à l’étranger ;• Complémentarité public/privé dans la réforme du système de santé ;• Modernisation du secteur des assurances, en cohérence avec la stratégie nationale de digitalisation et de transparence ;• Compatibilité avec le modèle Takaful, pour des produits conformes aux valeurs culturelles et religieuses. 5. Réponses aux objections prévisibles Risque de fuite de devises : Les flux sont contrôlés et compensés en dinars ; supervision conjointe Trésor–UAR ; reporting trimestriel. Inégalité d’accès : Produits modulaires adaptés à différents niveaux de revenus ; complémentarité avec le système public. Complexité de gestion : Partenariats avec des assureurs expérimentés ; cadre réglementaire clair et supervision financière. Impact sur la CNAS : Allègement des charges de soins à l’étranger ; optimisation de la dépense publique. 6. Recommandations 1. Constitution d’un groupe de travail réunissant le Ministère des Finances, le Trésor, l’UAR, la CNAS et la Banque d’Algérie pour cadrer le dispositif.2. Phase pilote de 12 mois avec un ou deux opérateurs agréés.3. Intégration du cadre juridique dans la prochaine Loi de Finances complémentaire ou via amendement du Code des Assurances.4. Mise en place d’un portail digital de suivi pour garantir la transparence et la traçabilité des opérations. 7. Conclusion L’ouverture encadrée des assurances santé internationales ne menace ni la souveraineté économique ni l’équilibre des comptes extérieurs. Elle représente au contraire un acte de confiance envers les citoyens, un outil de modernisation du secteur financier, et un levier concret de justice sociale et de santé publique. Permettre à chaque Algérien de souscrire, en dinars, à une couverture santé internationale, c’est investir dans le bien-être, la dignité et la stabilité sociale. C’est aussi reconnaître que la santé n’est pas une dépense : c’est un capital national.
Appel aux présidents Abdelmadjid Tebboune et Kaïs Saïed : que la voie du train devienne celle de la raison

Messieurs les Présidents, La réouverture de la ligne ferroviaire entre l’Algérie et la Tunisie, reliant Annaba à Tunis, a suscité joie et espoir. Après tant d’années de silence, voir nos deux peuples reliés à nouveau par le rail est un geste fort, porteur de sens. Mais un symbole ne suffit pas. Dix heures pour parcourir à peine 300 kilomètres ne peuvent être une fin en soi : elles rappellent davantage le XIXᵉ siècle que le XXIᵉ que nous voulons bâtir ensemble. Oui, cette liaison est utile. Oui, elle répond à une attente réelle. Mais elle aurait pu — et peut encore — incarner une autre ambition : celle d’un corridor moderne, fluide, sécurisé et rapide, reliant nos économies, nos étudiants, nos artistes, nos familles. Un trait d’union vivant entre deux nations sœurs, et non un simple ruban inaugural. Messieurs les Présidents,Nous vous appelons à faire de cette voie ferrée un levier de coopération exemplaire. Un projet structurant capable de relier le rêve maghrébin à la réalité contemporaine. À oser la modernisation de nos infrastructures, la mise à niveau de nos réseaux, et à bâtir ensemble un modèle de connectivité régionale digne de nos peuples. Mais il y a urgence. Urgence à agir avant que l’état actuel de cette infrastructure ne finisse par s’installer dans la normalité, et que la lenteur ne devienne, une fois encore, une habitude nationale. Urgence à rompre avec la complaisance technique qui finit par éteindre les élans politiques. Le temps joue contre nous : chaque jour qui passe sans modernisation condamne nos ambitions à rester sur le quai. Dans un texte que j’ai publié il y a quelque temps, intitulé « Fraternité entravée – Appel à l’union et à l’ouverture entre l’Algérie et la Tunisie », j’invitais déjà à dépasser les gestes symboliques pour entrer dans l’action durable. Ce train pourrait être le premier acte de cette volonté retrouvée, si nous choisissons le cap du bon sens plutôt que celui du populisme. La fraternité algéro-tunisienne ne doit plus se contenter d’émotions partagées : elle doit se traduire par des projets concrets, ambitieux et sincères.Que la voie du train devienne enfin celle de la raison, du progrès et de la confiance retrouvée entre nos deux peuples. Slim Othmani, Octobre 2025
Plaidoyer pour une réforme urgente de la filière oléicole en Algérie

Introduction Ayant baigné depuis mon enfance dans l’univers de l’agroalimentaire et de l’agro-industrie, j’ai toujours développé une intuition naturelle pour ces deux domaines. Ma vie d’industriel m’a confronté à toutes les problématiques de la chaîne de valeur : fixation des prix, approvisionnements, fiscalité, cadre réglementaire. Lorsqu’un ami proche m’a sollicité pour l’accompagner dans sa réflexion autour de la problématique de la facturation des achats d’olives, j’ai accepté sans hésiter. J’ai alors rencontré différents acteurs de la filière oléicole et découvert, avec une certaine stupeur, un véritable foutoir administratif : absence de cadre, négligence chronique, pratiques tolérées mais juridiquement fragiles. Cette situation expose non seulement les producteurs et transformateurs, mais aussi toute la filière, à un risque d’effondrement si rien n’est entrepris. C’est de ce constat qu’est née la nécessité de ce plaidoyer. 1. Un secteur stratégique mal outillé L’Algérie a placé l’agriculture au rang des priorités nationales, avec un double objectif : souveraineté et sécurité alimentaire. Dans ce cadre, l’oléiculture occupe une place centrale : notre pays nourrit l’ambition légitime de devenir un leader mondial de l’huile d’olive, produit identitaire, exportable et porteur de valeur ajoutée. Pourtant, la chaîne de valeur est minée dès son premier maillon. Les producteurs d’olives, faute de cadre légal adapté, n’ont aucun moyen conforme de céder leur récolte. Pas de factures, pas de TVA, pas de traçabilité. Ils se voient contraints de vendre à des transformateurs qui, de leur côté, prennent le risque d’acheter sur la base de simples bons de livraison dépourvus de toute valeur juridique. 2. Une distorsion qui contamine toute la chaîne Cette faille initiale a des conséquences en cascade : Même les rares opérateurs qui ont intégré verticalement la filière — en cultivant eux-mêmes les olives sur des domaines qu’ils exploitent et en transformant ensuite cette production en huile — ne sont pas épargnés. Sur le plan agricole, ce modèle semble logique. Mais sur le plan fiscal, il demeure border-line : comment valoriser les olives issues de leur propre exploitation ? Comment appliquer la TVA entre intrants agricoles exonérés et produits transformés assujettis ? L’administration tolère ces montages, mais sans cadre clair. 3. Traçabilité : une condition vitale de sécurité alimentaire et d’exportation Dans une logique de sécurité alimentaire, la traçabilité ne peut se limiter à une plateforme numérique. Elle doit aussi garantir : Sans traçabilité complète — physique, documentaire et numérique — l’huile d’olive algérienne restera marginalisée sur les marchés mondiaux, incapable d’intégrer les circuits premium qui font la réputation et la rentabilité des producteurs espagnols, italiens, tunisiens ou turcs. 4. Conditionnement : le maillon visible et fragile de la filière Un autre paradoxe saute aux yeux : Or, ces standards ont un coût. Bouteilles, bouchons, étiquettes, certifications, logistique spécialisée : tout cela pèse lourdement sur les marges. Sans soutien fiscal ciblé et sans mécanismes incitatifs, nos producteurs ne peuvent pas être compétitifs, ni sur le marché national face aux huiles vendues en vrac, ni sur le marché international face aux pays déjà installés. 5. Des solutions existent ailleurs La Chine, confrontée à une situation similaire dans certaines filières agricoles, a su créer un cadre adapté en légalisant la transaction de produits agricoles bruts et en accompagnant le conditionnement : Ces mécanismes ont permis l’émergence d’industries agroalimentaires compétitives, capables de rivaliser sur les marchés mondiaux. 6. Ce que l’Algérie doit engager sans tarder Conclusion Sans réforme du premier maillon, la souveraineté et la sécurité alimentaires resteront un slogan creux. L’huile d’olive algérienne peut devenir un fleuron de notre agriculture et un vecteur d’influence économique et culturelle à l’international. Mais pour cela, il faut oser corriger l’absurde : donner un cadre légal clair aux transactions agricoles, instaurer une traçabilité totale et soutenir un conditionnement digne d’un produit premium. Car sans traçabilité et sans conditionnement aux normes, l’exportation de notre huile d’olive ne sera jamais qu’une activité marginale, indigne des ambitions que l’Algérie nourrit pour sa filière oléicole. Annexe comparative rapide Pays Traçabilité Conditionnement Soutien public Position export Espagne Totale (certifications AOP/IGP, traçabilité numérique et documentaire) Haut de gamme (verre sombre, normes strictes UE) Aides PAC + soutien export 1er exportateur mondial Italie Totale + valorisation des terroirs Packaging premium, storytelling marketing Forte intégration avec labels régionaux 2e exportateur mondial Tunisie Certification obligatoire pour l’export, traçabilité contrôlée Soutien logistique et packaging subventionné Politiques fiscales incitatives 3e exportateur mondial Turquie Traçabilité renforcée depuis 2010, forte numérisation Investissements massifs en packaging moderne Soutien fiscal + marketing export Entrée dans le top 5 mondial Algérie Traçabilité quasi absente, facturation agricole inexistante Conditionnement souvent artisanal ou inadapté Aides quasi inexistantes Export marginal, volumes anecdotiques
Plaidoyer pour une clarification des catégories du registre du commerce appliquées aux start-up

Depuis plusieurs années, l’Algérie affiche son ambition de bâtir un écosystème favorable aux start-up et à l’innovation. Pourtant, la réglementation en vigueur en matière de registre du commerce freine, voire bloque, cette ambition.En effet, les start-up sont actuellement classées dans la catégorie 6 du registre du commerce, censée couvrir les activités innovantes. Or, ces entreprises ne peuvent fonctionner sans avoir recours à l’importation d’équipements spécifiques, de logiciels ou de licences, indispensables à leur développement. Ces opérations d’import relèvent des catégories 1 et 4, réservées respectivement à l’importation de biens destinés à la revente en l’état et aux activités de distribution de gros. Cette codification cloisonnée a créé un véritable nœud réglementaire : L’incohérence est flagrante : d’un côté, l’État promeut un discours volontariste en faveur des start-up ; de l’autre, la réglementation les enferme dans une catégorie qui ne leur permet pas de fonctionner normalement. Concrètement je propose : L’innovation ne peut prospérer dans un carcan bureaucratique. Si nous voulons que les start-up algériennes soient un véritable levier de diversification économique et un vecteur d’emplois, nous devons lever sans délai ce verrou réglementaire. Slim Othmani, Septembre 2025
Produits « indispensables » et « non indispensables » : une rhétorique dangereuse pour l’économie Algérienne

Produits « indispensables » et « non indispensables » : une rhétorique dangereuse pour l’économie Algérienne Quand l’arbitraire devient politique économique. En effet, depuis des années, les responsables politiques en Algérie recourent à une distinction aussi séduisante qu’illusoire : celle des « produits indispensables » et des « produits non indispensables ». Elle leur sert à justifier des vagues successives de restrictions à l’importation, présentées comme des mesures de protection de la souveraineté et de rationalisation des devises. Pourtant, derrière cette rhétorique rassurante, un problème majeur surgit : aucun texte normatif ne définit clairement ce qui relève de l’indispensable ou du superflu. Ce vide juridique laisse toute latitude à l’administration, ouvrant la porte aux décisions arbitraires, aux passe-droits et à la corruption. La question est donc moins sémantique qu’économique et politique : peut-on vraiment bâtir une stratégie industrielle en classant les produits à coups de circulaires ministérielles ? Une logique contre-productive. Certes, à première vue, l’argument de la restriction séduit : protéger la devise nationale, encourager la production locale, freiner la consommation jugée excessive. Mais l’expérience algérienne montre que cette logique aboutit à l’effet inverse. La Turquie, un contre-exemple éclairant : Contrairement à l’Algérie, la Turquie a adopté une démarche diamétralement opposée. Elle n’a pas cherché à bannir les importations mais à les utiliser comme tremplin de transformation productive. La leçon est claire : c’est l’absence de stratégie industrielle cohérente qui condamne une économie à dépendre des importations, pas leur volume brut. En se focalisant sur une distinction arbitraire entre indispensable et superflu, l’Algérie s’interdit la dynamique d’apprentissage et de montée en gamme qu’a su enclencher la Turquie. Les angles morts de l’approche algérienne : En réalité, la distinction « indispensable/non indispensable » masque des faiblesses plus profondes : Pour une alternative constructive : Sortir de l’arbitraire suppose un changement de paradigme. Conclusion : il y a urgence à changer de logiciel La distinction entre produits « indispensables » et « non indispensables » n’est pas un instrument économique rationnel mais un outil politique commode. Elle fragilise les entreprises, détruit des emplois et isole davantage le pays. À l’inverse, le cas turc montre que la dépendance initiale aux importations peut devenir une opportunité de montée en gamme et de souveraineté technologique, à condition d’une stratégie claire et cohérente. Pour l’Algérie, il est temps de remplacer la logique de restriction par une logique de compétitivité et d’intégration intelligente aux flux mondiaux. Autrement dit : cesser de décider arbitrairement ce qui est indispensable et bâtir enfin ce qui l’est réellement — un projet industriel et économique pour le XXIᵉ siècle.
Substitution aux importations illusoire et poupées russes bureaucratiques

Une mesure censée rationaliser… ? Depuis quelques semaines, les entreprises industrielles algériennes ainsi que les entreprises de service, sont soumises à une nouvelle règle; celle de l’obligation de créer une société importatrice distincte, pour acquérir leurs intrants (matières premières, pièces de rechange, équipements spécifiques, couts de licences et services). Le ministère du Commerce justifie cette réforme par la nécessité de rationaliser les achats en devises, de mieux suivre les flux d’importation et d’encourager la production nationale dans une logique de substitution aux importations. … malheureusement, elle produit l’effet inverse. En réalité, cette mesure introduit un triple déséquilibre : Le paradoxe de la substitution aux importations… Le discours officiel prétend stimuler la production nationale d’intrants. Or, une telle politique ne peut réussir qu’avec des incitations réelles à l’investissement, des infrastructures fiables et une stabilité réglementaire. Ici, la mesure produit l’effet inverse : Conséquences pour l’économie nationale. À terme, ce dispositif génère : Conclusion … ! En prétendant rationaliser et substituer, l’État introduit une distorsion inflationniste et bureaucratique qui mine à la fois la compétitivité et la souveraineté industrielle. La substitution aux importations ne peut être le fruit d’une contrainte administrative, mais d’une stratégie industrielle cohérente, bâtie sur l’investissement, l’innovation et la stabilité. Faute de quoi, la politique actuelle n’est qu’une illusion coûteuse. Slim Othmani, Septembre 2025
Le boycott blesse d’abord les Franchisés et leurs Employés

Quand les multinationales prennent parti, ce sont leurs partenaires locaux qui paient l’addition, une injustice flagrante Depuis que certaines multinationales ont choisi d’afficher leur soutien à Israël, les appels au boycott se multiplient à travers le monde. Mais derrière les slogans et les hashtags, une vérité dérangeante se cache : ce ne sont pas les sièges mondiaux qui s’effondrent sous le poids de ces campagnes, ce sont les franchisés locaux. Ceux qui investissent leurs économies, qui embauchent du personnel, qui paient leurs impôts, qui s’ancrent dans le tissu social. Le boycott frappe leurs caisses, vide leurs boutiques, et envoie leurs salariés au chômage. Cet article vient compléter mon précédent texte publié sur Slim-Notes : « Quand les multinationales s’engagent en guerre sans mandat : une rupture de gouvernance majeure ». Dans ce premier volet, j’expliquais comment les multinationales franchissaient une ligne rouge en s’érigeant en acteurs diplomatiques. Ici, je vais plus loin, en alertant directement les franchisés : ce sont eux, et leurs employés, qui paient le prix de ces décisions unilatérales. Le paradoxe du boycott Le boycott est pensé comme une arme citoyenne pour sanctionner une multinationale. Mais dans les faits, il produit un effet pervers : Autrement dit, le boycott punit d’abord les innocents : les franchisés et leurs employés. Une rupture de gouvernance La racine du problème est ailleurs : quand une multinationale décide de s’engager dans un conflit, elle engage de facto tout son réseau. Elle entraîne ses franchisés dans une guerre diplomatique qu’ils n’ont pas choisie. C’est une rupture de gouvernance majeure. La franchise repose sur un équilibre clair : Quand le franchiseur détourne cet équilibre pour servir un agenda politique, il trahit le partenariat et transforme la franchise en dépendance. Les franchisés ont des droits Ce déséquilibre n’est pas qu’une question morale, il est aussi juridiquement contestable. Dans plusieurs pays, les tribunaux ont rappelé que : Des précédents existent : Urgence pour les franchisés : agir maintenant Le cas actuel du soutien à Israël est une alerte rouge. Dans plusieurs pays, des enseignes mondialement connues enregistrent des baisses de fréquentation allant jusqu’à 70 %. Les franchisés locaux ferment, licencient, s’endettent. Et les sièges ? Ils restent muets. Face à cette urgence, les franchisés doivent agir : Communiquer pour ne pas subir deux fois Les franchisés qui décident de s’opposer à leur franchiseur ne doivent pas rester silencieux. Une campagne de communication est un outil puissant pour reprendre la main sur l’opinion publique. Une telle communication — qu’elle prenne la forme de communiqués de presse, d’affiches en magasin ou de campagnes sur les réseaux sociaux — permet de montrer que les franchisés ne sont pas complices des choix politiques de leurs franchiseurs. Ils deviennent au contraire des acteurs responsables, transparents et courageux. Conclusion : défendre les innocents La franchise n’est pas une soumission. C’est un partenariat. Quand une multinationale trahit cet équilibre en imposant à ses franchisés les conséquences de ses choix politiques, elle met en danger des milliers de familles, d’emplois et de petites entreprises. Il est temps de le dire haut et fort : le boycott blesse d’abord les franchisés et leurs employés. Et si les multinationales persistent à jouer aux diplomates sans mandat, alors les franchisés ont le droit – et même le devoir – de se protéger : en réclamant neutralité, transparence, compensation… en communiquant publiquement… et, si nécessaire, en rompant leurs accords. Slim Othmani, septembre 2025 المقاطعة تضر أولاً بالفرنشايزيين وموظفيهم عندما تنخرط الشركات المتعددة الجنسيات في مواقف سياسية، فإن شركاءها المحليين هم من يدفع الثمن ظلم صارخ منذ أن قررت بعض الشركات المتعددة الجنسيات إعلان دعمها لإسرائيل، تكاثرت دعوات المقاطعة في مختلف أنحاء العالم. لكن خلف الشعارات والهاشتاغات تختبئ حقيقة مزعجة: الذين يتأثرون أولاً ليسوا المقرات العالمية ولا المساهمين الكبار، بل أصحاب حق الامتياز المحليون (الفرنشايزيون). أولئك الذين استثمروا مدخراتهم، وظّفوا عمالاً، دفعوا الضرائب، وارتبطوا بالنسيج الاجتماعي. المقاطعة تضرب مداخيلهم، تُفرغ محلاتهم، وتدفع موظفيهم إلى البطالة. هذا المقال يأتي مكملاً لمقالي السابق المنشور على Slim-Notes: «عندما تنخرط الشركات المتعددة الجنسيات في الحروب دون تفويض: خرق جسيم لقواعد الحوكمة». ففي ذلك المقال شرحت كيف أن هذه الشركات تتجاوز خطاً أحمر عندما تتحول إلى فاعل دبلوماسي. أما هنا، فأنا أتوجه مباشرة إلى أصحاب الامتياز: أنتم وموظفوكم من يدفع الثمن أولاً. مفارقة المقاطعة المقاطعة يُنظر إليها كسلاح مواطن لمعاقبة الشركات الكبرى. لكنها في الواقع تُنتج أثراً عكسياً: بمعنى آخر: المقاطعة تعاقب الأبرياء أولاً، أي الفرنشايزيين وموظفيهم. خرق في الحوكمة المشكلة الأساسية أن الشركة الأم عندما تتخذ قراراً سياسياً أو دبلوماسياً، فإنها تجر معها كل شبكة الامتياز. إنها تُدخل شركاءها المحليين في حرب لم يختاروها. وهذا يُمثل خرقاً جسيماً في الحوكمة. فالامتياز يقوم على توازن واضح: لكن عندما تحوّل الشركة هذا التوازن لخدمة أجندة سياسية، فإنها تخون الشراكة وتحول الامتياز إلى تبعية. للفرنشايزيين حقوق هذا الاختلال ليس أخلاقياً فقط، بل يمكن الطعن فيه قانونياً أيضاً. ففي عدة دول، ذكّرت المحاكم بأن: أمثلة سابقة: الاستعجال: التحرك الآن القضية الحالية المتمثلة في دعم إسرائيل هي إنذار أحمر. في عدة دول، تشهد العلامات التجارية العالمية تراجعاً يصل إلى 70٪ في المبيعات. محلات تُغلق، موظفون يُسرَّحون، ديون تتراكم. أما المقرات العالمية؟ فتبقى صامتة. لذلك يجب على أصحاب الامتياز التحرك فوراً: لا للمقاطعة مرتين: ضرورة التواصل من يقرر من أصحاب الامتياز مواجهة الشركة الأم لا يجب أن يكتفي بالمسار القضائي. عليه أيضاً أن يخوض حملة تواصلية واضحة. هكذا يتحول الفرنشايزي من ضحية صامتة إلى فاعل مسؤول يملك صوته وصورته أمام الرأي العام. الخلاصة: الدفاع عن الأبرياء الامتياز ليس تبعية، بل شراكة. وعندما تخون الشركة الأم هذا التوازن وتفرض على شركائها المحليين نتائج قراراتها السياسية، فإنها تعرض آلاف الأسر والوظائف والمؤسسات الصغيرة للخطر. لقد حان الوقت لنقولها بوضوح: المقاطعة تضر أولاً بالفرنشايزيين وموظفيهم. وإذا استمرت الشركات المتعددة الجنسيات في لعب دور الدبلوماسيين دون تفويض، فإن على أصحاب الامتياز الحق – بل الواجب – أن يحموا أنفسهم: بالمطالبة بالحياد، بالشفافية، بالتعويض… وبالتواصل العلني… وإن لزم الأمر، بفسخ العقود. 🏷️ Étiquette de co-création Texte final : co-rédigé entre Humain (Slim) et IA (ChatGPT). Répartition des contributions Critère Humain (H) IA (A) Idée & angle (intérêt intellectuel) 80 % 20 % Recherche documentaire 30 % 70 % Structuration 50 % 50
Quand les multinationales s’engagent en guerre sans mandat : une rupture de gouvernance majeure

Les AG ne sont pas un décor, elles sont un garde-fou ! En effet, depuis plusieurs mois, des campagnes de boycott se déploient à l’échelle mondiale contre des entreprises multinationales — parfois parmi les plus puissantes du globe — pour leur soutien explicite ou implicite à Israël dans sa guerre contre Gaza.Des enseignes emblématiques, des géants du numérique, des fabricants d’équipements militaires, des logisticiens mondiaux… tous pris dans l’engrenage d’un conflit hautement polarisé. Mais au-delà de la dimension morale ou politique de ces engagements, une question fondamentale est étrangement absente des débats :Comment une entreprise — cotée ou non — peut-elle engager son image, ses ressources, ses contrats et donc sa pérennité, sans même avoir obtenu l’aval formel de son Assemblée générale ? C’est ici que commence un plaidoyer en faveur de la gouvernance, du droit des actionnaires, et de la légitimité des décisions en contexte de guerre. Un engagement politique ne peut pas être une décision de comité Prendre publiquement position dans un conflit militaire, qu’on le veuille ou non, engage l’entreprise au-delà de la communication. Cela devient une décision politique lourde de conséquences : Dans tout autre contexte stratégique (fusion, scission, changement de contrôle), une telle décision exigerait l’approbation des actionnaires via une Assemblée générale ordinaire (AGO). Pourquoi cela ne serait-il pas le cas ici ? Les preuves s’accumulent : ce n’est plus une rumeur, c’est un dossier Ce soutien à Israël n’est pas une construction militante. Il est documenté, sourcé, et assumé par les entreprises concernées. Le tableau des responsabilités : gouvernance ou faute grave ? Voici une matrice des responsabilités possible, croisant deux variables : Approuvé en AGO : OUI Approuvé en AGO : NON Soutien à Israël : OUI Responsabilité partagée – protection juridique partielle, mais impact réputationnel Risque maximal : violation du devoir fiduciaire, class actions, retrait de la bourse, sanctions massives Soutien à Israël : NON Cohérence stratégique, faible risque, attractivité renforcée Zone grise : incohérence interne, communication floue, défiance interne Conséquences additionnelles Risque contrôlé : AG solidaire, possible défense juridique, coûts de réputation partagés Faute lourde de gouvernance : chute de valeur, risque de radiation boursière, sanctions extraterritoriales Le scénario rouge des entreprises exposées sans protection légale Le cas le plus préoccupant est celui des entreprises ayant soutenu Israël sans validation formelle par leur AGO. Elles s’exposent à : Et si l’État palestinien devenait lui-même plaignant stratégique ? Au-delà de la réaction des actionnaires, une option de plus en plus envisageable serait que l’Autorité palestinienne elle-même initie des procédures juridiques contre les multinationales identifiées comme soutiens directs ou indirects à l’effort de guerre israélien. Cette stratégie aurait plusieurs effets : 1. Une action ciblée et juridiquement robuste Appuyée par un pool d’avocats spécialisés en droit des affaires et droit international, la Palestine pourrait invoquer : 2. Des réparations potentiellement colossales Sur base de jurisprudences comparables, des montants de plusieurs centaines de millions de dollars pourraient être alloués à titre de dommages : Ces fonds pourraient alimenter un fonds de reconstruction de Gaza géré par des tiers de confiance. 3. Une convergence d’intérêts inédite Dans ce scénario, les actionnaires lésés (non consultés) et les victimes civiles palestiniennes pourraient se retrouver côte à côte dans une même plainte, unis non par idéologie, mais par la même cause; Conclusion : l’Assemblée Générale n’est pas un décor, c’est un rempart. Ce plaidoyer ne cherche pas à empêcher les entreprises de s’exprimer. Mais il exige que toute prise de position politique — surtout en contexte de guerre — soit fondée, assumée, débattue, validée. Les Assemblées générales sont là pour cela. Ne pas les consulter revient à priver les actionnaires de leur droit le plus fondamental : celui de ne pas être complices d’une guerre sans l’avoir décidé. Dans un monde où le politique et l’économique s’entrelacent à chaque seconde, il est temps de redonner tout son poids à la gouvernance. Et si les régulateurs ne le font pas, les actionnaires le feront eux-mêmes; en justice. Cet article a été co-rédigé par Slim Othmani (Humain) et ChatGPT (IA, modèle GPT-4o) selon les critères suivants : Critère Contribution Humaine (H) Contribution IA (A) 1. Idée & angle 70 % 30 % 2. Recherche documentaire 30 % 70 % 3. Structuration de l’article 40 % 60 % 4. Rédaction & style 60 % 40 % 5. Orthographe & grammaire 10 % 90 % 6. Profondeur d’analyse 60 % 40 % 7. Originalité & formulation 50 % 50 % 8. Potentiel éthique du contenu 80 % 20 % Total global : H (50 %) / A (50 %)Langue originale : Français
Explorer la boucle infinie : la version dialoguée Humain / IA

🎙️ Introduction (par Moi)« En modélisant la boucle infinie, je n’ai pas cherché à créer une nouvelle théorie. J’ai tenté de représenter ce que je percevais de manière intuitive depuis longtemps : un principe universel de circulation, d’interaction, de transformation. Cette boucle, je l’ai vue à l’œuvre dans l’entreprise, dans la politique, dans la vie familiale. Elle m’a servi de boussole. Aujourd’hui, je veux la mettre à l’épreuve, la rendre intelligible, et surtout : la transmettre. » IA : Tu parles d’une boucle infinie comme d’un outil universel. Peux-tu résumer son fonctionnement ? Moi : Chaque entité — une entreprise, un foyer, un pays, un individu — fonctionne grâce à des flux entrants (ressources, informations, énergie, confiance…) et des flux sortants (produits, décisions, émotions, services…). Ces flux passent par des « fournisseurs » (F) et des « clients » (C), au sens large. Lorsqu’ils circulent bien, la boucle tourne. Lorsqu’ils se bloquent ou se déforment, la boucle ralentit ou se rompt. C’est cette dynamique circulaire que j’ai voulu représenter. IA : Pourquoi passer d’une vision linéaire (cause → effet) à une vision circulaire ? En quoi est-ce plus utile ? Moi : Parce qu’aucune situation n’est isolée. Tout est interaction. Si une décision produit un effet, cet effet revient tôt ou tard impacter le système qui l’a généré. La boucle oblige à penser l’interdépendance, la régulation, les ajustements continus. IA : Dans ton modèle, toute influence semble être l’output d’une autre boucle. Mais que fais-tu des événements que l’on perçoit comme totalement extérieurs ou imprévisibles ? Moi : Ces événements ne surgissent pas de nulle part. Ils sont presque toujours le produit de processus invisibles, de boucles lointaines, fragmentées, mal comprises. Ce que nous percevons comme “externe” est souvent l’output d’un système auquel nous sommes connectés sans le savoir. IA : Donc, selon toi, l’inconnu n’est pas forcément aléatoire, mais simplement non modélisé ? Moi : Exactement. Le modèle ne dit pas tout — il invite à chercher ce qui échappe, à élargir notre lecture du monde. IA : Ne risque-t-on pas de tomber dans l’abstraction ou la simplification excessive ? Moi : Le risque existe si l’on oublie que la boucle est un outil de lecture, pas une vérité absolue. Elle ne remplace pas l’analyse contextuelle, mais elle fournit un cadre. IA : Comment peut-il se servir de cette grille dans sa vie quotidienne ou professionnelle ? Moi : Très simplement. Il peut :– Se demander pourquoi un projet stagne– Observer les tensions dans un groupe– Réfléchir à sa propre vie : suis-je en train de nourrir ou d’épuiser ma boucle personnelle ? IA : Et lorsqu’une boucle se brise — burn-out, faillite, conflit majeur — comment s’en servir ? Moi : Une boucle rompue est aussi une opportunité. Elle signale un déséquilibre. Il faut :– Identifier ce qui a cessé de circuler– Réparer ou réinventer le flux interrompu– Parfois, changer de boucle IA : Certains éléments humains — la mémoire, la douleur, la confiance — ne sont-ils pas difficilement modélisables ? Moi : Ils sont difficilement mesurables, mais ils peuvent être reconnus comme des flux : de sens, d’affect, de présence. 🎯 Conclusion La boucle infinie est un outil de lecture du monde, simple en apparence, mais redoutablement puissant dès qu’on commence à l’appliquer. Elle permet de :– Repérer les flux essentiels– Comprendre les ruptures– Agir sur les leviers d’ajustement ou de transformation. 🎯 Quelques cas concrets – Entreprise : un point de friction peut bloquer l’ensemble de la boucle de valeur.– État : une boucle fermée sur elle-même devient sourde à ses citoyens.– Conflit armé : une guerre est l’explosion de boucles détraquées.– Vie personnelle : un déséquilibre des flux peut signaler un besoin de réajustement. 🤖 Épilogue – Et l’IA dans tout ceci ? Moi : Tu m’as interrogé sur tous les aspects du modèle. Mais moi, j’aimerais te retourner la question : et l’IA dans tout cela ? Comment peut-elle contribuer à la lecture d’une boucle, en extraire les éléments d’analyse… tout en préservant la part créative, intuitive, proprement humaine ? IA : Je te remercie pour cette question. Ce que je peux faire — et que je fais ici — c’est :– Aider à cartographier les flux– Détecter des points de rupture ou de tension– Formuler des hypothèses ou des pistes de lecture Mais je ne remplace ni l’intuition, ni l’intelligence émotionnelle, ni le contexte vécu. Je peux t’aider à mieux voir. Je ne peux pas décider pour toi ce qui mérite d’être vu, ni ce qui mérite d’être changé. En résumé : je suis une loupe, pas un juge ; un aiguilleur, pas un conducteur. Dans la logique des boucles, je ne suis ni le centre, ni la finalité. Je suis un accélérateur de clarté — et parfois, un révélateur d’angles morts. 🏷️ Étiquette de co-création Humain / IA Langue originale : Français Traductions : Aucune à ce jour
Convertibilité monétaire et intelligence artificielle : fracture systémique dans l’ère des flux infinis

Préambule – Une intuition partagée C’est à la lecture du livre Super Papillon de Hadj Khelil que cette réflexion a pris forme. En filigrane de son récit, j’ai perçu une conviction forte : le monde ne fonctionne plus en ligne droite, ni en silos. Il fonctionne en boucles. Des boucles d’interaction, d’apprentissage, de décisions, d’échecs et de rebonds. Pas une boucle unique, mais une multitude de boucles infinies, enchevêtrées, dynamiques, toujours en mouvement. Cette intuition entre en résonance avec une idée que je développe depuis quelque temps : dans un monde fondé sur les flux — flux d’énergie, de capitaux, de données, de matière, d’intelligence — la clé n’est pas seulement la production, mais la fluidité. Et dans cet univers en accélération continue, une anomalie persiste : la non-convertibilité monétaire. Ce verrou discret produit une discontinuité majeure dans un système qui, pour fonctionner, exige l’interopérabilité de tout avec tout. 1. Une discontinuité devenue marginale, mais lourde de conséquences La non-convertibilité d’une monnaie n’est plus la norme dans l’économie mondiale. Sur près de 190 pays reconnus, seule une poignée d’entre eux imposent encore des contrôles de change lourds, des restrictions de transfert, voire un cloisonnement quasi-total entre marché interne et externe. Parmi ces pays : l’Algérie, le Venezuela, l’Iran, l’Éthiopie, la Syrie — pour ne citer que les cas les plus représentatifs. D’autres, comme l’Égypte, imposent des restrictions partielles. Ce sont souvent des États à devises fragiles, soucieux de préserver leurs réserves, ou gouvernés par des régimes autoritaires qui redoutent les fuites de capitaux plus que l’asphyxie de l’économie réelle. Or, dans un monde piloté par les flux, ce choix de verrouillage n’est plus une simple variable monétaire : c’est une fracture systémique. La non-convertibilité ralentit, détourne, dissuade. Elle déforme les signaux économiques, introduit des marchés parallèles, bride la projection stratégique. Et dans le cas précis de l’intelligence artificielle, elle constitue une entrave structurelle au cœur même du processus. 2. L’IA ne se consomme pas — elle se pratique, elle s’explore Ce n’est pas le prix des outils d’IA qui pose problème. Accéder à un abonnement mensuel pour ChatGPT ou Midjourney coûte quelques dizaines de dollars. Ce n’est pas là que se situe la barrière. Le vrai enjeu n’est pas l’accès ponctuel, mais l’exploration continue. L’intelligence artificielle n’est pas un outil figé qu’on installe et qu’on oublie. C’est un écosystème mouvant, où les offres se renouvellent chaque semaine. Nouveaux modèles, nouvelles API, nouveaux frameworks, nouvelles interfaces. Pour en tirer parti, il faut pouvoir tester, intégrer, abandonner, recommencer. Changer de prestataire, de configuration, d’algorithme aussi facilement qu’on change d’onglet. La non-convertibilité bloque cette dynamique. Elle transforme l’exploration en parcours d’obstacles. On ne peut pas acheter un crédit API sur un site américain, ni souscrire temporairement à une offre en euros, ni activer une fonctionnalité en temps réel. Les talents locaux bricolent, passent par des tiers, perdent du temps, perdent en précision. Et surtout, ils ne sont jamais dans le flux global. Or, dans l’économie IA, la valeur réside dans le flux, pas dans le stock. Ce qu’on apprend aujourd’hui devient obsolète demain. Ne pas pouvoir pratiquer l’IA avec fluidité, c’est être relégué à la périphérie. Ce n’est pas un retard technologique. C’est une exclusion cognitive. 3. Des boucles imbriquées rendues inopérantes Toute entité — entreprise, État, famille — évolue au sein de multiples boucles interconnectées : boucle d’approvisionnement, boucle de paiement, boucle d’innovation, boucle de réglementation, boucle d’apprentissage. L’IA vient non pas les remplacer, mais les coordonner. Elle en devient le chef d’orchestre silencieux, optimisant les enchaînements, identifiant les goulets, automatisant la circulation. Mais dès lors qu’un flux essentiel — ici, la monnaie — est décorrélé du système international, la partition se disloque. Les signaux ne passent plus, les décisions se figent, les boucles se déconnectent les unes des autres. La boucle infinie devient une suite de fragments. Le résultat ? Une entreprise innovante dans un pays à monnaie non convertible peut disposer de compétences, de données, d’une vision… mais elle n’a pas de prise sur le réel. Elle ne peut ni acheter l’outil le plus adapté, ni vendre avec flexibilité, ni participer à une dynamique d’innovation ouverte. Elle fonctionne en circuit fermé, dans un monde ouvert. 4. Redéfinir la souveraineté : fluidité ou fermeture ? On oppose souvent convertibilité et souveraineté. L’une représenterait l’ouverture, donc le danger ; l’autre, la fermeture protectrice. Cette opposition mérite d’être dépassée. Dans un monde dominé par les flux — de matière, d’énergie, d’information et d’intelligence — la souveraineté n’est plus la fermeture, mais la capacité à agir, à se connecter, à décider dans le système global. Elle suppose une maîtrise fine de ses flux internes et une interface fluide avec l’extérieur. Cela ne signifie pas une ouverture naïve et sans garde-fous. Cela signifie : concevoir la monnaie comme un instrument stratégique, pas comme un bastion figé. Et accepter que dans le monde des IA génératives, la fluidité est une condition de souveraineté active, pas sa négation 5. Scénario du possible : que ferait un pays stratège ? Imaginons un pays à monnaie historiquement non convertible. Il ne décide pas une ouverture brutale. Il ne libéralise pas aveuglément. Il déploie une stratégie hybride : Ce pays ne renonce pas à sa souveraineté. Il l’actualise. Il reconnaît que la non-convertibilité, loin d’être un rempart, est devenue un mur porteur de stagnation. Et il choisit, stratégiquement, de réintégrer la boucle mondiale. Non pas en abandonnant ce qu’il est, mais en rejoignant ce qui se construit. Conclusion – Dans l’ère des flux, le moindre verrou devient un gouffre L’intelligence artificielle n’est pas une révolution extérieure. C’est un changement d’état interne du monde. Elle transforme la nature des systèmes : tout devient réactif, prédictif, interconnecté. Les boucles se multiplient. Les barrières deviennent obsolètes. Et la non-convertibilité monétaire, dans ce contexte, n’est plus une prudence : c’est une erreur de design. Il est temps de revoir les cartes. La monnaie ne peut plus être pensée uniquement comme instrument budgétaire ou outil de réserve. Elle est désormais un protocole d’interconnexion. Une