
Depuis quelques années, on observe en Algérie une véritable prolifération des dispositifs de remorquage fixés à l’arrière des véhicules. Pourtant, le nombre de remorques en circulation dans le pays ne semble pas justifier une telle omniprésence. Il y a donc matière à s’interroger : s’agit-il d’un effet de mode, d’un simple réflexe de protection du pare-chocs arrière, ou d’un usage détourné devenu une habitude collective ?
Si, comme beaucoup le pensent, ces boules d’attelage sont installées avant tout pour “protéger” les véhicules en stationnement contre les chocs urbains, alors nous faisons face à une dérive silencieuse, qui mériterait toute l’attention des assureurs et des pouvoirs publics. Car un dispositif conçu pour tracter une remorque devient, lorsqu’il est laissé en permanence, un élément saillant et potentiellement dangereux pour les autres usagers — notamment en cas de collision arrière.
Les compagnies d’assurances devraient s’y intéresser de près. D’un point de vue strictement juridique, l’usage permanent d’un tel accessoire pourrait constituer une modification du véhicule non conforme à son homologation d’origine. En cas d’accident, elles seraient alors fondées à refuser l’indemnisation de l’assuré, estimant que la présence d’un dispositif non retiré après usage aggrave le risque.
Quant aux services de police, ils devraient constater l’ampleur du phénomène. Des milliers de véhicules circulent aujourd’hui avec une boule d’attelage sans remorque, souvent par simple habitude, parfois par ignorance. Cette banalisation pose un vrai problème de sécurité routière et de responsabilité civile.
Ce n’est pas seulement une question d’esthétique ou de confort ; c’est une question de bon sens collectif. Un dispositif conçu pour tracter ne devrait pas devenir une arme passive dans le trafic urbain. Il serait donc souhaitable que les autorités compétentes, en concertation avec les compagnies d’assurance, établissent des règles claires : obligation de retrait du dispositif hors usage, pénalités en cas de non-respect, et campagnes de sensibilisation sur les risques encourus.
Avant que cette pratique ne s’enracine durablement dans la normalité de notre paysage automobile, il est urgent d’en débattre et d’y mettre un cadre. Car derrière ce petit accessoire métallique se cache, une fois encore, une grande question de responsabilité partagée.
Slim Othmani, Octobre 2025